Incomprises, mal vues et difficilement acceptées, les émotions ont longtemps dérangé le monde du travail. Depuis quelques années, l’intensification des recherches et la libération de la parole sur le sujet ont modifié notre regard sur celles-ci. Considérées comme une véritable faiblesse il y a quelques années, qu’en est-il actuellement de nos émotions dans le monde professionnel ?
Un changement de regard sur les émotions au travail
Nous nous sommes construits dans une société où l’intelligence intellectuelle a été privilégiée au détriment de nos émotions. A l’école, nous avons favorisé les connaissances et le développement de nos capacités mentales, laissant peu de place à nos compétences émotionnelles.
Ce mode de fonctionnement s’est tout naturellement retrouvé dans le monde du travail. Les émotions étaient perçues comme un signe de faiblesse et un manque de professionnalisme. Certains allaient même jusqu’à considérer qu’elles altéraient la performance et l’efficacité du salarié. Dans cette sphère professionnelle qui cultivait neutralité et objectivité, les émotions n’étaient pas les bienvenues. Empreint de cette éducation basée sur le mental et souhaitant être conforme socialement, nous avons appris à mettre nos émotions de côté.
Cependant, l’intérêt pour le sujet a progressivement grandi. Les recherches se sont accentuées, notamment en neurosciences. Cela a permis de démontrer l’importance et l’impact des émotions dans nos vies personnelles et professionnelles. L’idée qu’elles n’ont pas leur place dans le monde du travail s’est peu à peu effritée.
Aujourd’hui, l’intelligence émotionnelle est une qualité recherchée. Elle est d’ailleurs considérée comme étant une compétence clé pour réussir professionnellement.

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L’intelligence émotionnelle en milieu professionnel
La notion d’intelligence émotionnelle est apparue vers les années 1980. Ce n’est qu’en 1995 qu’elle s’est véritablement développée avec Daniel Goleman, psychologue américain. Elle désigne la capacité à accueillir, identifier, comprendre et réguler ses propres émotions. Mais également à reconnaître celles des autres afin d’agir de manière adéquate.
Dans le monde professionnel, l’intelligence émotionnelle permettrait de :
- Favoriser la motivation, l’épanouissement et le bien-être
- Influencer positivement les relations professionnelles et la communication interpersonnelle
- Créer du lien et développer la cohésion de groupe
- Améliorer l’efficacité et la performance des individus
- Optimiser les prises de décisions
- Maximiser l’engagement des professionnels
- Encourager la créativité
- Élargir les potentialités individuelles
A noter que ceci vaut aussi bien pour les salariés que pour les dirigeants ; les émotions étant universelles.

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Mais finalement, une émotion, c’est quoi ?
Le terme émotion vient de la racine latine movere qui signifie mouvement. Ainsi, une émotion nous inviterait à agir. Derrière chacune de nos émotions, il y a un message, une information, qui nous permet de nous ajuster en temps réel. Grâce à elles, nous pouvons savoir si nos besoins sont satisfaits ou non. Véritables alliées, nos émotions nous guident au quotidien.
Aujourd’hui, le terme d’émotions positives et négatives est encore utilisé. Or, chacune de nos émotions constitue une source précieuse d’informations. Nous pouvons donc toutes les considérer comme “positives”. Néanmoins, certaines sont ressenties comme plus ou moins agréables. Les émotions désagréables reflètent un besoin non-comblé, comme par exemple le besoin de respect, de considération ou encore de confiance.
Rappelons-nous que ressentir des émotions fait partie intégrante de notre vie en tant qu’être humain. En effet, nous ne pouvons pas décider de les ressentir ou non. Nous sommes des êtres d’émotions et se couper d’elles reviendrait à se couper d’une partie de soi.

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Quel est le risque de ne pas considérer les émotions dans le monde du travail ?
Comme évoqué précédemment, ne pas considérer ses émotions, c’est se priver de précieuses informations. En mettant de côté nos émotions, celles-ci ne disparaissent pas, bien au contraire. Elles réapparaissent et s’intensifient jusqu’à ce qu’elles soient comprises. Le but étant que nous agissions afin de retrouver un certain équilibre.
Les émotions influencent les domaines tels que la communication, les relations interpersonnelles, le bien-être et l’efficacité. Il est donc essentiel de les considérer dans le milieu professionnel, au risque d’altérer la qualité de ces différentes dimensions.
Le risque de souffrance émotionnelle et de burn-out s’accroît avec l’absence de considération de nos émotions au quotidien. Ces dernières sont comme des voyants qui s’allument sur le tableau de bord de notre voiture. Si nous continuons à rouler en les ignorant, la voiture finit par s’arrêter. Elle n’est plus en état de fonctionner. C’est pareil pour nous, en tant qu’être humain. Accorder de la place aux émotions des salariés, managers ou dirigeants permettrait de limiter les débordements émotionnels. A noter que les émotions désagréables (ex : la colère, la déception, la tristesse) ont 3 fois plus d’impact que les émotions ressenties comme agréables (ex : la joie).

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Quelles sont les limites ?
Il est indispensable de cadrer cette nouvelle place qu’occupent les émotions au travail afin d’éviter les dérives. En effet, il est important de veiller à modérer la place de l’intime et du personnel en milieu professionnel. De même, bien que les managers aient un rôle évident dans l’accompagnement émotionnel de leurs équipes, celui-ci reste limité. Dans certaines situations, il est donc essentiel qu’ils puissent passer le relai à des professionnels qualifiés dans le domaine.

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Finalement, s’il y a quelques années les émotions n’étaient pas les bienvenues au travail, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les compétences en intelligence émotionnelle sont d’ailleurs recherchées. Si les nombreux avantages à considérer les émotions dans le monde professionnel ne sont plus à démontrer, il est important que cela se fasse dans un cadre garantissant l’équilibre de ce nouveau mode de fonctionnement.
par Emeline Sengler, praticienne en coaching et naturopathie du réseau Médoucine.
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Carole
30 août 2022 à 17 h 37 minMerci d’apporter la réflexion sur le sujet des émotions au travail ! Pour avoir travaillé dans des grandes structures, des startups, à mon compte, en France et à l’étranger, je trouve ce sujet à la fois essentiel et tellement délicat à intégrer. Cela me questionne également sur la place des émotions liées au cycle menstruel féminin dans le monde professionnel… !