Printemps et Ayurveda : comment équilibrer ses doshas ?
Vous qui commencez un peu à connaître l’Ayurvéda, vous visualisez les 3 doshas, nos énergies vitales, Vata, Pitta et Kapha. Non-contents de régir notre organisme, physique, psychologique et physiologique, ces 3 compères régissent également la vie sur terre, le rythme de la vie, le rythme de la journée et le rythme des saisons.
Ainsi, Vata, composé d’air et d’éther, va se manifester dans les périodes de l’année qui lui ressemble, un hiver froid et sec par exemple, souvent le début de l’hiver chez nous. Pitta, composé de feu et d’eau est le roi des périodes chaudes, si en plus c’est un peu tropical, c’est encore plus fait pour et par lui. Enfin, Kapha, fait de terre et d’eau est le dosha le plus lourd, le plus gras, humide et froid, la fin de l’hiver, le printemps est son règne.
L’Ayurvéda, ce n’est pas compliqué, c’est uniquement du bon sens. Quand on a froid, on va se mettre au chaud, quand le temps est humide, on va se sécher, …
C’est donc le cas pour la saison du printemps, saison typique Kapha. On va donc apporter du chaud et assécher son organisme pour éviter que Kapha s’aggrave, ce qui entraîne en général des troubles ORL, un excès de mucus, quelques kilos en trop, une flemme grandissante et une fatigue inhabituelle. Tout cela dans les cas les plus communs bien sûr, mais Kapha va être aussi à l’origine de maladies moins rigolotes comme les tumeurs et cancers, le cholestérol, certaines maladies cardiaques, le diabète, … Ne pas faire attention à Kapha pendant longtemps peut vraiment entraîner des pathologies graves.
Kapha commence à se manifester dès que le temps devient humide. Il existe un moment au milieu ou à la fin de l’hiver où le temps change, se radoucit et devient plus humide, puis de nouveau au bout de quelques jours se refroidit et devient parfois plus sec. Ces petits changements de temps annoncent la manifestation du dosha Kapha. C’est à ce moment-là et sans tarder qu’il va falloir adapter son hygiène de vie.
Notre alimentation, notre premier allié.
Nous l’avons vu, le dosha Kapha est en cause dans des petits soucis de santé saisonniers ou chroniques. Si on veut le maintenir sous contrôle, il va falloir adopter un régime alimentaire adapté.
Pour réchauffer notre organisme et éviter l’accumulation de mucus, de kilos, de gras sous toutes ses formes (cholestérol, kystes,…), on va privilégier des saveurs piquantes et amères : épices chauffantes, comme le gingembre, le poivre noir, le poivre long, la cannelle, le cumin, les graines de moutarde, le basilic sacré, l’ail, le piment (si notre système digestif le supporte),…, et épices amères avec en tête le curcuma, les herbes aromatiques comme le thym ou le romarin,… Je conseille souvent de boire de l’eau chaude miellée à jeun, dans laquelle on peut y glisser 1/3 de cuillère à café de gingembre et autant de curcuma, le matin mais aussi avant chaque repas. En fonction de votre constitution et des éventuels déséquilibres, il sera possible de varier les épices, le dosage ou d’y ajouter du citron.
On privilégie les aliments légers et chauds, légumes et fruits de saison, du riz, de l’orge ou du millet, des légumineuses, … Et on limite tout ce qui est froid, gras et lourd comme les pâtisseries, les viandes, les féculents, la plupart des céréales, le fromage, les produits laitiers, …
Attention tout de même à ne pas oublier les protéines et à ne pas passer radicalement et rapidement à un régime végétarien, ce qui risquerait d’affaiblir votre feu digestif et par voie de conséquence votre système immunitaire. Choisissez le repas du déjeuner, heure à laquelle on digère mieux pour manger poisson, œufs ou viande blanche 2 à 3 fois par semaine, les autres jours, choisissez des légumineuses en purée, soupe, kicheri, houmous,… ou du tofu.
Choisir les bonnes activités
Pour garder kapha sous contrôle, la meilleure activité est cardio-vasculaire. Elle va nous permettre de transpirer, d’éliminer du liquide et des toxines. Et pour soutenir notre feu digestif les activités en plein air sont recommandées. Pourquoi pas une grande balade dynamique à vélo, un jogging, une partie de ballon en équipe, ou une pratique dynamique de yoga (vinyasa, ashtanga, bikram) 3 à 4 fois par semaine !
L’Ayurvéda use et abuse des techniques du yoga également pour se soigner. Comme notre nez est en question, on va opter pour des pranayama, ou contrôle du souffle que vous avez sans doute déjà pratiqués avec votre prof préféré. Je vous conseille la respiration complète pour débuter. Ensuite, consultez votre prof ou un thérapeute en Ayurveda pour savoir si vous ne présentez pas de contre-indications et pour surtout apprendre les techniques d’ujjaï, de kapalabati ou de bastrika.
Des soins adaptés
Vous connaissez sans doute la dinacharya, la routine ayurvédique, notre petite hygiène quotidienne. Les soins de la tête comme nettoyer ses yeux (un bain d’œil à l’eau de rose, par exemple), son nez (avec le neti pot, rempli d’eau chaude salée) et sa bouche (avec un gargarisme à l’eau chaude avec éventuellement du curcuma, le brossage des dents et l’utilisation du gratte langue) est une habitude à mettre en place particulièrement au printemps. Notamment le nettoyage du nez et de la bouche avec les gargarismes. Ces techniques permettent de nettoyer la sphère ORL et d’éliminer les mucus qui ont tendance à s’accumuler en cette période surtout la nuit, en position allongée.
Enfin, le printemps, c’est le moment indiqué pour les grandes detox. En Inde, on pratique le panchakarma, les 5 grandes purifications selon l’Ayurveda. L’Ayurveda conseille une à deux cures par an, notamment aux changements de saison, toujours des périodes où le dosha kapha se manifeste.
Ecouter la nature !
Après tout, nous sommes des êtres de la nature, nous réagissons donc comme l’ensemble des êtres de la nature, quelques soient la saison, la météo, … L’Ayurveda est d’ailleurs avant tout basée sur l’observation de la nature, des éléments (mahabhutas) qui la composent et de leurs qualités (gunas). Le meilleur moyen de prendre soin de ses doshas, c’est d’écouter ce que la nature nous propose et ce que notre nature nous dicte.
Par Clarisse Robinet, Praticienne et Formatrice en Ayurvéda, du réseau Médoucine.