Nous vivons actuellement une période très particulière qui génère énormément de stress, d’incertitude, d’inquiétude de la part de personnes qui se trouvent parfois isolées, ou qui sont en état de stress. Ces personnes sont pour la plupart confrontées à un sentiment d’impuissance ou d’inefficacité, de surcharge de travail, et surtout une inquiétude légitime par rapport à ce qui se passe aujourd’hui, du modèle sociétal, de l’impact économique. En effet, nous traversons une période de changement intense du à cette pandémie. Le stress a été découvert en 1976, par Hans SEYLE, un québécois qui a parlé d’un syndrome général d’adaptation. Le stress est donc un mécanisme d’adaptation en réponse à des stimuli, que ce soit physique comme un virus, thermique ou psychologique comme beaucoup de personnes le traversent en ce moment.
Il faut rappeler que le stress n’est pas mauvais en soi, c’est même un ami très proche. Effectivement lorsque l’on est en présence d’un stress aigu, il nous est favorable. C’est grâce à lui que l’on a réussi à traverser des siècles et des siècles d’attaques. Il assure notre survie. Grâce à lui, on peut réagir par la fuite ou par la lutte devant un danger. Il y a très longtemps effectivement, l’agression du territoire engendrait soit une attitude de fuite, soit une attitude de combat ce qui stimulait notre activité physique. Aujourd’hui, à cause de la pression professionnelle, une pression familiale, sociale, on se trouve dans une situation où l’on ne peut ni fuir, ni combattre et cela nous conduit à une situation de paralysie qui va en quelque sorte appliquer une diminution de l’activité physique et par conséquent une libération de plus plus importante des hormones du stress.
Les neuromédiateurs : hormones de l’humeur et de l’intelligence
Les neuromédiateurs responsables de la gestion de nos émotions de notre énergie mentale font parti de la grande famille des monoamines qui sont regroupées en sous familles. À la famille des Catécholamines appartiennent les deux neurotransmetteurs : la dopamine et la noradrénaline. À la famille des Indolamines appartient la sérotonine. On a aussi le GABA qui est le précurseur de l’acide glutamique ainsi que de l’acétylcholine.
Les Catécholamines dérivent de la L-Tyrosine et la sérotonine du L-Tryprophane. Quant au GABA, il dérive de l’acide glutamique.
Dans un cerveau équilibré, tous ces neuromédiateurs travaillent ensemble, en bonne harmonie et en bonne intelligence. Il y a un équilibre, il n’y en a aucun qui empiète sur le travail de l’autre. Pour faire simple et de façon très schématique, les catécholamines représentent l’énergie et la vitalité, et les Indolamines représentent le calme et la sérénité.
Les catécholamines
La dopamine joue le rôle de démarreur. Elle est également responsable de mettre les choses en mouvement. Elle nous permet d’élaborer des projets, elle nous aide dans la prise de décision, elle crée un terrain favorable à la recherche du plaisir ou d’émotions mais aussi à l’état d’alerte. Une baisse de l’activité dopaminergique va donc entraîner une perte de motivation de type mélancolique, une diminution de la prise d’initiative et une baisse de la motivation.
La noradrénaline, c’est le moteur. Elle permet de maintenir l’activité une fois démarrée. Elle crée un terrain favorable à l’éveil, à l’apprentissage, à la sensibilité aux signaux émotionnels. Elle joue également un rôle excitateur dans la régulation du sommeil. Une diminution de ce neurotransmetteur va donc avoir un impact négatif sur l’acquisition de connaissances, d’associations nouvelles elle va provoquer des situations de repli sur soi, un détachement, de la déprime, une baisse de la libido. Les personnes qui présentent une carence en noradrénaline, consomment en général beaucoup de café car la caféine augmente la noradrénaline cérébrale.
L’adrénaline, c’est le grand stresseur, comme je l’ai dit plus haut lorsque l’organisme se retrouve dans un état de stress, il n’y a que deux possibilités : fuite ou combat. Ainsi, elle va stimuler le système nerveux sympathique qui va augmenter la pression artérielle, augmenter la force de contraction musculaire, amplifier la capacité respiratoire. L’adrénaline et donc le neurotransmetteur qui nous permet de réagir dans une situation de stress. Par contre un stress chronique, a pour conséquence de maintenir un taux élevé d’adrénaline, ce qui a pour effet d’engendrer un état de fatigue, un manque d’attention, de l’insomnie, de l’anxiété, voire dans certains cas de la dépression.
Les catécholamines sont synthétisées dans le cerveau et dans les glandes surrénales à partir d’un précurseur qui est la L-Tyrosine. Cependant cette synthèse a besoin d’un certain nombre de conditions et en particulier un certain nombre de cofacteurs comme la vitamine B2, B3 et de fer. Lorsque l’organisme se trouve en présence de trop de dopamine, il va y avoir une autorégulation, un rétrocontrôle négatif, ce qui est très bénéfique. Il est évident que toute cette synthèse obéit aux lois de la chronobiologie, c’est-à-dire qu’il faudra apporter le bon nutriment au bon moment. Pour synthétiser les catécholamines il faudra donc apporter les nutriments plutôt le matin.
Les aliments riches en tyrosine sont plutôt les produits laitiers, le pain, les œufs, les abats, les céréales telles que le riz complet.
Les indolamines
Il s’agit des hormones du calme et de la sérénité. La sérotonine et donc l’hormone du calme et de la patience. Elle permet de supporter le stress et les frustrations et de limiter l’agressivité. Elle stimule également la satiété pour les glucides au niveau hypothalamique. Elle influence également l’activité d’autres neurones notamment les neurones dopaminergiques. Le plus souvent elle agit en diminuant la fréquence de décharge de ses neurones dopaminergiques. Ensuite on arrive à la mélatonine qui dérive de la sérotonine par un phénomène de méthylation. Une carence en sérotonine bas faire apparaître des attitudes d’extraversion, d’impulsivité, d’irritabilité, d’agressivité, voire même dans les cas extrêmes, des tendances suicidaires.
Elle est synthétisée à partir du L-Tryptophane. Ici comme dans le cas des catécholamines nous avons besoins également de nombreux cofacteurs comme le fer, la vitamine B2, B3, B9, B12. Nous avons également besoin de vitamine B6, de magnésium et de zinc, ces deux derniers sont d’une grande importance pour la synthèse de la sérotonine.
Le tryptophane qui est le précurseur de la sérotonine est un acide aminé essentiel, il n’est donc pas synthétisé par l’organisme. Il faut donc absolument l’apporter par l’alimentation. On n’en trouve plutôt dans les produits carnés tels que la viande, la volaille, le poisson mais aussi dans les produits laitiers, les fruits oléagineux tels que la noix de cajou, arachide, les amandes et certains fruits tels que le melon d’eau.
Le GABA, et un neurotransmetteur très répandu dans le cerveau qui a pour rôle principal d’inhiber. On peut dire que c’est l’anxiolytique naturel du système nerveux. Son précurseur est le glutamate qui lui est un neurotransmetteur excitateur. La transformation du glutamate en GABA nécessite la présence de vitamine B6.
Pour la synthèse de ce neurotransmetteur, il y a plusieurs conditions à remplir. Tout d’abord les enzymes doivent être fonctionnelles et les précurseurs doivent être disponibles. Il est également important de noter que le frein de cette synthèse est souvent les cofacteurs. Ces cofacteurs sont soient des vitamines, soit des minéraux, soit des oligo-éléments à l’état de traces. On a souvent besoin de vitamine B6, B9, B12 mais également de fer est de magnésium.
Comment évaluer un état de stress chez nos consultants ?
En premier lieu, on effectue un bilan de vitalité approfondie et poussé avec des questionnaires spécifiques qui peut être vraiment utiles. On peut également faire appel à la biologie.
Les acides gras
La place des acides gras est primordiale, 60 % du cerveau est constitué de graisses, c’est le plus grand réservoir de cholestérol. Le cholestérol est non seulement le précurseur du cortisol mais en s’insérant dans la bicouche phospholipidique, il va conférer une certaine fluidité membranaire. La membrane des neurones sont celles dont les phospholipides sont les plus riches en acides gras oméga 3 et plus particulièrement en DHA que l’on appelle également acide cervonique. Un déficit en oméga 3 et en DHA va exercer un impact majeur sur les fonctions cognitives mais aussi sur l’état émotionnel. Les oméga 3 augmentent la fluidité membranaire ce qui est primordial pour le bon fonctionnement cérébral mais aussi pour la plasticité neuronale. Ils interviennent également dans la neuroprotection et la modulation de l’inflammation. À noter que la dépression est une neuro-inflammation. En cas de stress, il faudra bien sûr favoriser l’alimentation avec une consommation accrue de poisson gras et huile végétale riche en oméga 3, mais dans un premier temps il sera nécessaire d’apporter directement les produits terminaux tels que le DHA et l’EPA avec un complément alimentaire.
Le magnésium
Il est d’une importance capitale dans la vie. Quand on pense à la santé cérébral, on pense tout de suite à l’oxygène et au glucose, mais cela ne peut pas arriver au cerveau sans présence de magnésium. La vascularisation du cerveau se fait de façon discontinue, par vague pulsatile. C’est tout simplement un jeu d’écluses qui ferment sur certaines zones pour laisser passer le flux vers une autre zone : c’est ce que l’on appelle un shunt microcapillaire. Et ce shunt microcapillaire est magnéto–dépendant. Une carence en magnésium provoque des spasmes et des phénomènes d’hypoxie. Il faut donc apporter une attention toute particulière aux patients qui sont migraineux et qui sont pour la plupart tout simplement en stress chronique. Cependant évaluer la carence en magnésium ne peut pas se faire par la biologie. 99 % du magnésium est intracellulaire et seulement 1 % est dans le sang. Le dosage sanguin est donc sans signification. Il est préférable de se fier à la clinique parce que de toute façon même si l’on effectue un dosage du magnésium érythrocytaire, pour peu qu’il y ait une hémolyse au moment de la prise de sang, on va majorer le taux de magnésium et être faussement rassuré. En posant simplement quelques questions simples, on peut très bien mettre en évidence une carence en magnésium.
Le manque de magnésium est donc la première cause d’anxiété et de stress. Le magnésium ne peut pas être synthétisé, il doit être apporté par l’alimentation. Cependant, le magnésium est assez mal assimilé, d’où l’importance du choix du sel de magnésium en compléments alimentaires. Chez une personne stressée, le dosage physiologique précis et quotidien et de 6 mg de magnésium par kilo de poids du patient et par jour. Les sels de magnésium à privilégier est physiologiquement disponible sont les citrates, les malates, les glycérophosphates, les bisglycinates.
Les autres cofacteurs
Le zinc est un co-facteur indispensable. En effet, moins on n’en a, plus on est sévèrement atteint de la dépression. De plus les taux de zinc semble les plus bas chez les personnes qui ne répond pas au traitement antidépresseur. En les supplémentant en zinc, on optimise la réponse aux antidépresseurs. C’est la même chose pour la vitamine B9. Il existe un lien fort entre le niveau de cette vitamine et la prévalence et l’intensité des dépressions majeures. Là aussi une supplémentation en folates, optimise et rend la réponse aux inhibiteurs la capture de la sérotonine plus importante.
La vitamine D, elle est indispensable à la santé cérébral. Toutes les cellules de l’organisme ont des récepteurs à la vitamine D, on a retrouvé des récepteurs à la vitamine D dans le cerveau. Elle est trophique pour la plasticité des neurones et elle participe à la régulation des récepteurs aux neurotransmetteurs.
Le thé vert, la curcumine, et le safran ont des effets antioxydants et hypo-inflammatoires. La curcumine et le safran joue également un rôle sur les récepteurs à la sérotonine.
L’installation du stress chronique
Tout d’abord, une phase d’alarme pendant laquelle l’adrénaline augmente dans un premier temps pour chuter progressivement par la suite. Une phase de résistance où la sérotonine augmente de façon réactionnelle pour aplanir les choses. Pendant cette phase le cortisol augmente également progressivement et la dopamine commence à chuter. Il est important de noter que dès le début le magnésium est en baisse constante. Puis arrive la phase d’épuisement ou finalement tout va s’écrouler, tout va s’effondrer. Comme une espèce de sauvetage, vous allez avoir une petite augmentation du cortisol qui doit alerter le professionnel de santé car à ce moment-là, il y a un effondrement total de tous les neurotransmetteurs. Constamment sollicité le mécanisme de réaction aux stress va s’épuiser, en fait l’organisme va être dépassé et le cortisol va venir tout simplement à manquer.Et l’on va basculer vers le burn out.
Le burnout est un terme surtout utilisé pour décrire le stress dans le cadre professionnel. Il faut savoir qu’il y a certaines catégories de travailleurs qui sont plus impactés en cette période, notamment le personnel soignant, les infirmières, les chefs d’entreprise, les policiers etc. notons aussi que l’on a affaire des personnalités un peu particulière car elles sont perfectionnistes et ils ont une conscience élevée de leur responsabilité au travail. Mais il existe aussi un burnout parental : ce sont les parents qui sont dépassés. Il s’agit d’un syndrome de détresse intense liée à la parentalité qui se manifeste de plusieurs façons : épuisement physique et psychique, une distanciation affective avec les enfants et une perte d’épanouissement et d’efficacité dans leur rôle parental.
Sur le plan physique, on va également avoir une fatigue constante. Si c’est une fatigue qui démarre le matin mais qui se dissipe assez rapidement, c’est plutôt une fatigue thyroïdienne mais si cela perdure il faut vraiment penser à explorer les surrénales. Le sommeil va être perturbé, il va y avoir des douleurs articulaires (myalgies, arthralgies), des problèmes cardio-vasculaires avec une hypertension, des troubles alimentaires avec des compulsions alimentaires, ou une perte d’appétit ou les deux, une tendance à la vulnérabilité aux infections. Et sur le plan psychique on va avoir des difficultés de concentration, de mémorisation, des attitudes d’évitement, une démotivation, une irritabilité.
En conclusion
Si ces dernières semaines, vous avez eu quelques uns de ces symptômes, il est important de consulter un professionnel de santé, qui pourra grâce à un questionnaire approfondi, vous apportez des conseils personnalisés.
Il pourra également s’aider de la biologie en vous demandant d’effectuer des analyses ou des bilans micro nutritionnels comme par exemple un profil vitaminique, un profil acide gras, un bilan de stress oxydatif, un bilan de vos neurotransmetteurs, un dosage de vos métabolites organiques urinaires, le dosage du cuivre, le dosage du zinc, du cortisol salivaire etc.
Ses conseils porteront sur la nutrition, sur la supplémentation (zinc, magnésium, vitamines du groupe B etc.). Il pourra également vous conseiller des séances de relaxation/visualisation, des séances de cohérence cardiaque, de la réflexologie, de l’aromathérapie etc.
Il est important de prendre en charge le stress le plus tôt possible, afin de ne pas basculer vers le burn out et enfin la prise en charge tardive, ou la non pris en charge du stress chronique aboutit aux maladies de civilisation, tel que le diabète, l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et la dépression.
Par Emmanuel Vanlauwe, naturopathe recommandé par le réseau Médoucine
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