Zèbre, surdoué, précoce, haut potentiel… et le dernier en date : philocognitif. Que de termes différents pour parler de ces êtres atypiques et suscitant autant d’intérêts depuis peu !
Le HPI : un véritable effet de mode
Effet de mode, c’est une évidence. Même le cinéma s’est emparé du sujet ! TF1 a lancé en avril dernier, la série HPI. Cette dernière a très rapidement suscité la colère et l’indignation sur les réseaux sociaux.
« Être HPI, ce n’est pas pouvoir calculer en deux secondes un ticket de caisse… C’est beaucoup plus complexe que ça ». Pour avoir regardé la série, effectivement c’était pur cliché et d’une consternante caricature : surexcitation en permanence, look ubuesque de cette mère de famille, femme de ménage au QI de 160 et consultante pour la police. C’est l’image qui a été véhiculée auprès de 9,3 millions de téléspectateurs. Ce n’est pas une pécadille ! HPI ou TSA? (troubles du spectre autistique). Il est fort à parier que cette confusion a pu naître dans l’esprit des téléspectateurs.
Un sujet aussi sérieux que la « surdouance » a été complètement porté en dérision. Alors oui. La série a voulu jouer principalement sur le côté comique.
Mais c’est loin de refléter la réalité. Même si les deux tiers de personnes diagnostiquées à haut potentiel vont bien, il n’en reste pas moins que pour l’autre tiers, cette spécificité s’accompagne de beaucoup de complications et d’incompréhensions, de difficultés dans les relations sociales et, souvent, d’une scolarité difficile. Et il est particulièrement difficile de diagnostiquer les filles surdouées qui se suradaptent souvent au point d’inhiber leur potentiel.
Les femmes surdouées
« La plupart des femmes douées n’ont pas conscience de leur potentiel exceptionnel, elles ne sont conscientes que de leur douleur. Cette douleur d’être différentes de la manière dont les femmes sont censées être » (LindanSilverman, citée par Streznewski, 1999, p.212).
Aujourd’hui encore, trop peu de femmes surdouées sont reconnues par notre société. Leurs capacités intellectuelles exceptionnelles peuvent même embarrasser leur entourage. Selon le psychologue allemand Jürgen vol Scheidt, les femmes sont particulièrement concernées par leur sous-performance par rapport à leurs capacités. 30% des adultes doués sont en sous-performance par rapport à leurs capacités et cela concerne surtout les femmes.
Dans son livre « Et si elle était surdouée ? » Doris Perrodin-Carlen consacre tout un chapitre aux femmes adultes surdouées. Elle explique l’importance de prendre conscience le plus tôt possible de son haut potentiel afin d’avoir une vie plus épanouie. Et pour autant, cette connaissance de sa surdouance dès l’enfance ne signifie pas que la vie sera plus facile à l’âge adulte pour ces femmes. En effet, elles seront amenées à faire des choix dans leur vie personnelle et professionnelle. Des choix difficiles qui souvent priorisent leur carrière sans renoncer à une vie de famille. Ce qui engendre une surcharge émotionnelle et organisationnelle les mettant en situation de culpabilité et de souffrance.

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Le haut potentiel, une cause de souffrance chez la femme
Pour les femmes qui s’ignorent à haut potentiel, on constate qu’elles ont tendance à se focaliser sur leur sphère familiale, enfants, conjoints soit par bienveillance ou par obligation. Et par conséquent, sont dans le déni de leur propre potentiel. Elles disent souvent qu’elles sont en proie à une grande tristesse, à un sentiment de profonde solitude et d’étrangeté lorsqu’elles sont dans un groupe. Christel Petit Collin a écrit dans son livre Je pense trop: comment canaliser son mental envahissant: « Qui pourrait penser qu’être intelligent puisse faire souffrir et rendre malheureux ? »
C’est souvent le hasard qui met les femmes sur la piste de leur surdouance, soit la lecture d’un article, une discussion avec une personne diagnostiquée à haut potentiel, un test de QI passé par leur enfant. Il est reconnu que ce sont les femmes qui aujourd’hui demandent le plus de faire un bilan psychologique. Elles sont en telle souffrance, avec un tel manque de confiance en soi, une telle mauvaise estime de soi et affirmation de soi, qu’elles entreprennent plus facilement la démarche que les hommes. Elles se construisent un « faux-self » depuis leur enfance afin de s’intégrer. Et pour cela, elles s’adaptent constamment et nient une grande part de leur véritable identité. Ce qui créent d’énormes frustrations.

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Reconnaitre une femme haut potentiel
Voici dans cet article, quelques pistes et suggestions qui pourraient aider ces femmes à se reconnaître dans leur surdouement et à mieux la gérer.
On dit souvent d’elles qu’elles sont « trop » ! Trop gentilles, trop émotives ,trop excessives, trop intuitives… Elles ont l’impression de venir d’une autre planète.
Elles ont également le sentiment d’imposture, qu’elles ne méritent pas leur diplôme, leur réussite. Elles se minimisent tout le temps. Même lorsqu’elles apprennent qu’elles ont un QI supérieur à 130 elles minimisent leur potentialité, allant parfois jusqu’à remettre en question les résultats de leur bilan psychologique.
Dans le monde professionnel, de nombreuses femmes conscientes de leurs capacités exceptionnelles réalisent de brillantes carrières et sont épanouies dans leur travail. Ce sont des modèles d’identification forts pour les générations futures. Cependant, aujourd’hui, la majorité des femmes sont tiraillées entre leur désir de réussite professionnelle, leur indépendance et leur féminité. Beaucoup plus de femmes que d’hommes font des études supérieures mais il s’avère que la proportion des femmes qui quittent les carrières académiques est plus élevée et quel que soit le niveau hiérarchique.
Elles sont toujours sous-représentées dans les postes clés en politique, dans la recherche, les universités et les affaires. Les femmes douées ne sont pas reconnues pour leur vivacité d’esprit, leur créativité, leur dynamisme. Elles dérangent leur entourage de par leurs capacités intellectuelles exceptionnelles. Elles sont souvent confrontées à de la jalousie, à de l’harcèlement où sont aux prises de conflits de loyauté avec un supérieur ou des collègues. Ce qui ne surprend pas lorsqu’elles se retrouvent en burn-out.
Elles sont souvent considérées comme une menace au travail alors qu’elles pourraient faire prospérer l’entreprise. Elles ont une telle soif d’apprendre ! Elles se forment régulièrement dans différents domaines.

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Que se passe-t-il une fois diagnostiquée ?
Une fois qu’elles sont diagnostiquées haut potentiel, beaucoup d’entre elles décident soit de changer de voie professionnelle soit de reprendre des études. Et il n’y a pas d’âge pour réaliser son potentiel exceptionnel. Sally M. Reis, professeur à l’Université du Connecticut, en a fait la démonstration dans l’étude de 12 femmes exceptionnellement douées qui avaient plus de cinquante ans et qu’elle a appelé les late Bloomers. Elles ont réussi à développer encore davantage leur créativité et à renforcer leur estime de soi. Il est donc important que les femmes douées continuent à développer leurs compétences dans différents domaines d’activités ou centres d’intérêts par le biais de formations en respectant leurs propres besoins indépendamment de ceux de leur entourage.
Andrew Mahoney (1998) a identifié quatre besoins affectifs clés pour aider les femmes à haut potentiel :
- la confirmation : reconnaître et admettre ses propres dons;
- l’affirmation : obtenir une reconnaissance et un soutien permanent de sa douance par les autres, s’autoriser à être imparfaite;
- l’affiliation : se lier avec ceux qui ont les mêmes centres d’intérêt, passions, talents… ;
- l’appartenance : développer une vocation, un but, se « connecter » au monde. »
Doris Perrodin (2015) propose aussi quelques suggestions et encourage donc les femmes à :
- « Exprimer clairement leur ennui et leurs frustrations
- Demander de l’aide si nécessaire
- Tirer partie des erreurs afin de faire mieux la prochaine fois
- Faire confiance en leur potentiel
- Montrer qu’elles sont capables
- Chercher le contact avec des pairs aux compétences semblables
- Avoir des ambitions
- Réaliser leurs rêves » !!
J’espère que cet article pourra éveiller en ces femmes qui n’ont pas encore été détectées la conscience de leur potentiel exceptionnel et les aider à accueillir leur différence afin de prendre soin de leur propre épanouissement.
par Valérie Leroux, praticienne en coaching recommandée du réseau Médoucine.
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