Les attentes qui pèsent aujourd’hui sur les mères sont de plus en plus importantes. Entre charge mentale et injonctions de perfection, elles génèrent de nombreux doutes et autant de questions. Alors, lorsqu’on accède nous-même à cette fonction, il est possible d’être un peu perdue.
Quelle est la juste place ? Comment ne pas se fondre dans sa famille ? De la maman cool à la maman poule, comment se positionner ? Si ces questions semblent fluides et instinctives pour certaines, de nombreuses femmes se les posent régulièrement et tout à fait légitimement. Elles peuvent apparaître dès la naissance de l’enfant ou bien arriver plus tard. Parce qu’on ne nait pas mère, mais on le devient, voici quelques pistes pour trouver sa place au quotidien.
Interroger son histoire personnelle
La grossesse, puis la maternité ouvrent un espace psychique qui reconnecte la personne à son histoire de vie. Si celle-ci a été plutôt équilibrée ou si elle a été travaillée, les choses peuvent se passer en douceur. Mais parfois, les blessures émotionnelles de notre enfance ne sont pas correctement cicatrisées. Elles profitent alors de ce moment particulier pour refaire surface et demandent à être regardées.
Lorsqu’une dispute éclate avec un enfant et que celle-ci nous touche particulièrement, nous pouvons nous demander « Comment étais-je au même âge ? Comment mes parents ont-ils pris en charge mes émotions ? ». Nous pouvons alors revenir mentalement sur l’enfant que nous étions, en l’autorisant intérieurement à s’exprimer et peut-être même à pleurer ce qui n’avait pas été entendu à l’époque.
En complément, il est intéressant d’observer avec un peu de recul son propre lien à sa mère. Quel est-il ? La relation est-elle apaisée ou au contraire tendue ? Notre mère ayant été notre premier modèle de maternité, elle marque forcément notre façon de faire, que nous l’adorions ou la détestions cordialement. Certaines femmes n’hésiteront pas à prendre le contrepied total de l’éducation qu’elles ont reçue, pensant ainsi s’en affranchir. Bonne idée ? Pas si sûr : être dans l’extrême inverse pour éviter de reproduire, c’est agir en réaction. Que l’on fasse tout comme ou tout l’inverse, on ne trace pas son propre chemin. Interrogeons-nous : que nous a transmis notre mère, en positif comme en négatif ? Si tout n’est pas à garder, tout n’est pas forcément à jeter. Et à notre tour, qu’a-t-on envie de transmettre à notre enfant ?

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Accepter l’imperfection
Aucun enfant ne vient au monde avec un mode d’emploi. Il est nécessaire de faire des essais pour voir ce qui fonctionne. Cela implique de parfois se tromper, pour petit à petit calibrer. Chaque éducation est en ce sens immanquablement imparfaite !
Le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott définit la notion de mère « suffisamment bonne ». En effet, un bébé, et plus tard un enfant, n’a pas besoin d’une mère parfaite en tous points. Il a besoin d’une mère suffisamment présente, qui réponde à ses besoins primaires de soins et de nourriture affective, mais qui lui laisse aussi suffisamment d’espace pour explorer, découvrir, faire des erreurs et donc apprendre.
Nous les humains sommes des êtres imparfaits, assumons-le ! C’est parfois même cette autorisation de lâcher-prise qui permet à la vie de devenir parfaite. Cela vaut pour le monde extérieur et les choses du quotidien : remettre le ménage au lendemain ; accepter que la robe de notre petite dernière ne soit pas impeccablement repassée ; autoriser 5 minutes d’écran pour profiter d’un café au calme ; proposer un plat cuisiné même pas bio pour diner de temps en temps…
Cela vaut également pour notre monde intérieur et nos émotions. Nous avons le droit de ressentir de la colère contre nos enfants lorsqu’ils font une bêtise ou de la tristesse lorsque nous les voyons grandir et avoir moins besoin de nous. L’important sera alors ce que nous faisons de cette émotion. En tant qu’adulte, nous pouvons la choyer et nous en occuper, pour ne pas que l’enfant la reçoive comme une charge sur ses épaules.

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Prendre soin de soi
Nous transmettons à nos enfants ce que nous sommes, bien plus que ce que nous disons. En effet, dès son plus jeune âge, l’enfant observe ses parents. Il voit en eux des rôles modèles sur lesquels il va bâtir son devenir adulte. Ainsi, un parent qui sacrifie toute sa vie pour sa famille, laissant en permanence ses besoins de côté, donnera à ses enfants un modèle type « je n’ai pas le droit de penser à moi ».
Certaines mères peuvent parfois ressentir de la culpabilité à prendre des moments pour elles. C’est en réalité un cadeau qu’elles offrent à leur enfant, en leur présentant la vision d’un adulte qui prend soin de lui et qui accorde de la valeur à ses besoins. Ils pourront, en la voyant, s’autoriser plus tard à faire de même en y associant une pensée type « j’ai le droit de penser à moi ».
Le fait de se dégager du temps permet d’octroyer davantage de qualité de présence et une meilleure disponibilité à ses enfants. Pour cela, pas forcément besoin de prévoir une journée entière au spa, ce qui est parfois difficile à caser dans un planning. Il peut s’agir de moments très simples, comme s’accorder une petite promenade en solo ou 30 minutes de lecture sur son canapé.

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En définitive, la seule vraie règle à suivre est de faire en fonction de soi, de ses valeurs et de ses principes. Trouver sa place de mère ne veut pas dire trouver la place que la société attend d’une mère. Ni celle que notre propre mère (ou notre belle-mère !) souhaiterait que l’on prenne.
Chaque femme peut se donner le droit de tâtonner et d’essayer ce qui lui convient ou pas. Objectif : arriver non pas à la mère parfaite tout court, mais à la mère parfaite pour elle et ses enfants. En cas de difficulté, il est bon de ne pas rester isolée, d’en parler à ses proches ou de demander de l’aide à un professionnel.
par Jenny Seibert, psychopraticienne et sexothérapeute du réseau Medoucine.
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