Source de questionnement pour beaucoup de parents, le dialogue autour de la sexualité soulève bien des craintes. Nombreux sont ceux qui redoutent le moment fatidique où il faudra aborder le sujet. Comment en parler ? Que dire ? À quel âge ? Comment trouver la bonne occasion ? Si le sujet est important et sérieux, il peut néanmoins s’appréhender de manière simple et légère. Voici quelques pistes pour en parler facilement, à tous les âges de la vie de votre enfant.
Bon à savoir : plus on commence tôt, plus ce sera facile par la suite.
Entre 0 et 3 ans : verbaliser et nommer
Les parents nomment volontiers les différentes parties du corps pour les apprendre à l’enfant. Les oreilles, le nez, les pieds, les mains… Mais curieusement, l’impasse est régulièrement faite lorsqu’il s’agit de désigner les parties intimes.
N’hésitez pas à nommer également ses organes génitaux et à lui expliquer clairement ce qui se trouve entre ses jambes : un pénis et des testicules pour les petits garçons, une vulve pour les petites filles. Préférez les termes réels aux surnoms comme zizi ou zézette qui cachent la réalité et qui véhiculent l’idée qu’on ne peut pas parler directement de sexualité. L’enfant choisira de lui-même les mots qu’il souhaitera employer par la suite. L’important est de lui communiquer le vocable adéquat pour qu’il sache s’y référer.
L’enfant peut se montrer très curieux en découvrant le corps de ses parents : « Maman, pourquoi tu as des poils ? Des seins ? », « Papa, il est énooooorme ton zizi ! ». Vous pouvez lui expliquer que plus tard, son corps se transformera pour devenir comme le vôtre. Cela lui permet de se situer dans la ligne du temps et de s’approprier son sexe.

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De 3 à 7 ans : précéder les questions des petits et mettre en place le dialogue
Pour instaurer une relation de confiance, c’est à l’adulte de prendre la parole et d’informer l’enfant, sans attendre de celui-ci qu’il pose des questions en premier. En effet, si le sujet n’a jamais été abordé, l’enfant aura du mal à oser le mettre sur la table.
Les occasions de dialoguer se créent facilement dans le quotidien. Pour les tout-petits, il pourra s’agir par exemple du moment du bain ou du change de la couche. Plus tard, les évènements de la vie de tous les jours, comme voir des amoureux s’embrasser en public ou croiser une femme enceinte, pourront servir de support à la discussion.
Les livres ou les films qui traitent de sexualité pour les enfants sont également un bon moyen d’en parler, à condition de les regarder ensemble et de ne pas se débarrasser de la tâche en laissant l’enfant dans son coin. Il est possible dès cet âge là d’informer l’enfant sur le caractère précieux et intime de son sexe, en précisant que personne n’a le droit de le toucher à cet endroit.

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De 7 à 12 ans : informer sur la vie sexuelle future
C’est l’âge où l’on commence à parler réellement de sexualité, en quittant petit à petit les métaphores. Précisez d’où viennent les « petites graines » des mamans et des papas qui servent à faire les bébés ; parlez de la puberté qui va arriver et de ce qui se passe dans le corps à cette occasion ; expliquez ce qu’est la pornographie et à quel point elle ne reflète pas la vraie vie. En somme, décrivez ce qu’ils vont bientôt découvrir dans leur vie adolescente, puis adulte.
C’est aussi l’âge où commence la prévention. Explicitez notamment la notion de consentement et l’importance de respecter ce dernier (le sien et celui des autres). Verbalisez l’interdit de l’inceste : la sexualité doit toujours se passer à l’extérieur de la famille. S’il y a eu des traumatismes sexuels dans la généalogie, on pourra les mentionner à ce moment avec des mots adaptés à l’enfant, pour éviter qu’ils deviennent des secrets de famille.
Attention néanmoins à ne pas mettre uniquement l’accent sur les différents risques inhérents à la sexualité. Ce serait lui conférer une image dangereuse et négative qui n’aiderait pas les enfants dans leur vie sexuelle future. Exprimez-leur également qu’elle est un grand terrain de jeux pour les adultes et un espace merveilleux si elle est pratiquée avec respect de soi et de l’autre.

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De 12 à 18 ans : respecter les limites et soutenir le passage à la vie d’adulte
Nous voici arrivés à l’âge où l’enfant s’éloigne peu à peu du cercle familial pour se tourner vers l’extérieur. Cela peut éveiller de l’émotion de voir notre « bébé » grandir et se détourner de nous, mais il est fondamental de respecter les limites qu’il posera. On ne peut pas décemment parler de consentement à son enfant et être soi-même dans l’intrusion de son espace intime.
Dès lors, on ne rentrera plus dans la salle de bain lorsqu’il est à l’intérieur, on frappera à la porte de sa chambre et on évitera de regarder dans son sac ou son téléphone. En bref : on respectera son intimité. Le non-respect des limites, quelles qu’elles soient, peut avoir un impact direct sur la sexualité. En effet, les intrusions psychiques s’inscrivent dans l’inconscient comme s’il s’agissait d’intrusions physiques.
À cet âge-là, on pourra également parler de soi, de son vécu au même âge, voire des difficultés personnelles que l’on a connues ou que l’on connait encore. Et pourquoi pas inviter notre enfant à être plus épanoui que nous. Ainsi, on l’accompagne aux portes de l’âge adulte en lui passant le flambeau.

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Pour conclure
En conclusion, je rappellerais simplement que de parler de sexualité à ses enfants est primordial pour qu’ils deviennent des adultes libres et heureux. Ces échanges leur permettront d’intégrer la sexualité dans leur vie comme quelque chose de sain, de joyeux et surtout de normal.
Si la discussion vous effraye, préparez à l’avance ce que vous souhaitez dire. Vous avez le droit de ressentir de la gêne ou de chercher vos mots. Vous pouvez expliquer à votre enfant que cette discussion est nouvelle pour vous et, le cas échéant, que vous-mêmes ne l’avez pas eue avec vos parents à son âge. De même, si vous n’avez pas parlé de sexualité tôt dans la vie de votre enfant, rien n’est perdu : dites-lui simplement pourquoi vous ne l’avez pas fait et votre souhait désormais d’instaurer un dialogue ouvert sur le sujet.
Si vous vous sentez angoissé ou démuni devant cette mission, des professionnels sont là pour vous aider. Vous pouvez vous faire accompagner en séance individuelle pour préparer la communication ou en séance familiale pour soutenir le dialogue.
par Jenny Seibert, psychopraticienne et sexothérapeute du réseau Medoucine.
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